Les mystérieux « tahu’a », prêtres polynésiens
Les mystérieux « tahu’a », prêtres polynésiens l’époque préchrétienne
La tradition orale de Tahiti et ses îles évoque toujours les « tahu’a » comme de personnages clefs de la vie religieuse, sociale et culturelle des anciennes sociétés polynésiennes. Dotés de connaissances approfondies et de pouvoirs mystérieux dans de nombreux domaines, les tahu’a étaient reconnus, influents et respectés. On les craignait parfois car personne ne se hasardait à provoquer ces hommes qui disposaient clairement de pouvoirs tellement importants qu’ils en étaient potentiellement redoutables… Qui étaient donc ces mystérieux tahu’a ?
Fondamentalement, un tahu’a était un homme de religion qui à ce titre, dirigeait les cérémonies rituelles, qu’il s’agisse d’incantations, de mariages, d’intronisations des chefs ou de sacrifices… Le rôle des tahu’a était donc au centre de l’ancien culte polythéiste à l’époque préchrétienne.
Mais il serait réducteur et historiquement faux de ne voir qu’une dimension religieuse de type chamanique, dans le rôle des anciens tahu’a. De même, l’analogie avec les « prêtres » occidentaux est assez hasardeuse, voire presque inappropriée. Pour avoir une meilleure idée de toute l’étendue du rôle qui était celui des tahu’a dans les sociétés polynésiennes préchrétiennes, il faut d’abord s’attacher à l’étymologie et à la sémantique du terme « tahu’a ». Tahu’a signifie globalement « celui qui voit » et « celui qui sait ». La dimension « visionnaire » parait devoir s’appliquer à leur vocation d’officiants religieux ; alors que le « savoir » que leur prête le mot « tahu’a » les révèle aussi comme des hommes de sciences, d’humanités et de culture… Grâce à leurs connaissances avancées dans plusieurs domaines vitaux, les tahu’a ont développé une importante utilité sociale dans les communautés insulaires d’autrefois ; au point d’y être devenus indispensables, comme de véritables guides porteurs de savoirs et de sagesse.
En réalité, les tahu’a n’étaient pas tous des officiants religieux et dans la plupart des cas, c’était leur rôle social qui primait de par l’utilité de leurs connaissances dans les domaines autrefois vitaux de la navigation, de la pêche et de la guérison des maladies et blessures. Les tahu’a étaient généralement « spécialisés » dans l’un de ces trois domaines et ils initiaient leurs successeurs dans leur art quand ils sentaient que le moment était venu pour le faire… Les tahu’a jouaient enfin, un rôle de guides et de censeurs, dans la mesure où ils veillaient à l’observance et au respect des règles de la communauté.
Aujourd’hui, le souvenir de ces énigmatiques tahu’a se perd dans la nuit des temps… Dans l’inconscient et l’imaginaire collectifs, ils restent des personnages clefs de l’ancien monde polynésien, partis avec leurs étranges pouvoirs et leurs secrets non révélés… L’arrivée du christianisme a largement contribué à leur disparition en les chassant et en les poursuivant pour paganisme…
Mais les tahu’a existent toujours, initiés de génération en génération dans la clandestinité… On dit que leurs pouvoirs sont toujours aussi forts que mystérieux… On raconte que certains d’entre eux pratiqueraient encore l’art de l’imbibition énergétique des tiki… Et les marches sur le feu des festivals de juillet continuent de surprendre et de fasciner les spectateurs qui voient de simples touristes fouler sans douleur, des pierres chauffées à blanc à même les braises…