L’artisanat de Tahiti et ses Iles

L’artisanat de Tahiti et ses Iles combine harmonieusement le sens du beau et le sens de l’utile

L’habilité manuelle et la créativité des polynésiens ne sont plus à démontrer. C’est un peuple qui a toujours su utiliser les matériaux et produits de son environnement insulaire pourtant coupé du monde et même s’approprier les techniques et savoir-faire venus d’ailleurs (avec l’exemple éloquent du patchwork ou « tifaifai »).

Cette ingéniosité et cette inventivité sont déjà remarquables en elles-mêmes. Si on y ajoute le fait que les polynésiens ont toujours eu le sens du beau, on se trouve face à une culture atypique – pour ne pas dire unique- dans laquelle le souci du fonctionnel n’a jamais entravé la créativité et la recherche de la beauté dans toutes les formes de travaux.

Où est la frontière entre l’artisanat polynésien et l’art polynésien ? il est difficile de répondre à cette question tant les deux sont intimement et indissociablement liés l’un à l’autre : ce qui sert à quelque chose doit être beau et la réciproque est souvent vraie… La vocation fonctionnelle d’un objet d’artisanat ne l’affranchit pas de l’obligation d’être beau ou au moins agréable à regarder… Et la beauté d’un objet ne le dispense pas de l’obligation d’être réellement utile et fonctionnel. C’est là un trait fort de l’âme polynésienne qui en tous travaux et en toutes actions, maintient ce lien sacré entre vie de tous les jours et vie de l’esprit, comme entre ce qui est quotidien et ce qui est éternel…

Ce sens inné du beau en toutes choses créées par la main de l’homme est une constante : La sculpture polynésienne est saisissante de par les hautes inspirations qu’elle révèle, la forme tendue et dépouillée des pirogues est à elle seule, une allégorie… Ainsi les polynésiens d’autrefois confectionnent-ils des objets à la fois beaux et fonctionnels qui servaient réellement dans la vie de tous les jours : pêche, chasse, guerre, préparation des repas etc.

L’habilité des polynésiens et la profusion des objets d’artisanat ont perduré jusqu’à nos jours : On estime que le secteur de l’artisanat occupe actuellement plus de 10 000 artisans. Le secteur fournit des revenus vitaux à près de 40 000 personnes, en tenant compte des familles des artisans ; soit environ 15% de la population de nos îles… L’artisanat constitue donc l’un des poumons de la microéconomie locale qui concourt indirectement à la préservation de l’économie familiale traditionnelle. Mais il représente aussi un facteur d’homogénéité et de cohésion sociales dans la mesure où il permet à une part importante de l’héritage culturel polynésien de survivre et de continuer à s’épanouir…

L’offre de produits d’artisanat est pléthorique et extrêmement diversifiée. Et le niveau de qualité des productions est toujours élevé. Les archipels sont traditionnellement spécialisés dans certaines productions (pirogues à voile de Bora-Bora, sculptures et tikis des Marquises, colliers de coquillages des Tuamotu, et vanneries de Australes) … La sculpture sur nacre mérite une mention spéciale du fait d’une notable évolution des techniques et du niveau de créativité des réalisations récentes. La sculpture polynésienne sur pierre ou sur bois génère des réalisations dont la beauté est saisissante, au point que l’on a l’impression de contempler ou de tenir entre les mains un objet vivant et habité…

La farandole de couleurs des patchwork (« tifaifai ») capte le regard et force l’admiration… Les lueurs sensuelles et mystérieuses de ces colliers de perles noires à l’orient énigmatique sont absolument irrésistibles… sans oublier la fraîcheur naïve de ces splendides couronnes de fleurs (colliers ou couronnes de têtes) dont le parfum envoûtant restera dans vos mémoires et dans vos cœurs jusqu’à votre dernier jour… Oui, notre artisanat riche, prolifique, créatif et hautement inspiré vaut à lui-seul le déplacement et mériterait bien que l’on s’envole vers Tahiti et ses Iles rien que pour lui…