Le marae Taputapuatea

16°50’15’’sud,151°21’32’’ ouest, telles sont les coordonnées GPS qui vous mèneront au coeur de la spiritualité polynésienne. Cap sur le marae Taputapuatea, au coeur des îles de la Société, sur l’île de Raiatea.

Dans les cultures polynésiennes, bien avant l’arrivée des colons, le marae est un espace sacré. Il s’agit d’un lieu naturel, sans ornement, nu et dégagé destiné à abriter les rituels religieux, les rassemblements de clans et les cérémonies d’intronisation de chefs. Sa surface est rectangulaire, pavée de pierres ou de bois. Une pierre peut être érigée au centre. 

Le marae Taputapuatea constitue le temple de plus important de la Polynésie. Établi autour de l’an 1000, il est d’abord dédié à Ta’aroa avant d’être consacré au dieu de la vie et de la mort Oro. Taputapuea désigne les sacrifices lointains; certains rituels occultes et sacrifices humains y sont pratiqués. Prêtres et navigateurs s’y réunissent pour échanger, se former et s’attirer les bonnes grâces des divinités. Lors des cérémonies, le tambour bat la mesure, les plumes jaunes et rouges et la ceinture de plumes rouges se portent en honneur d’Oro. Ici, on est à la croisée du monde des vivants et celui des ancêtres fondateurs de la culture polynésienne. La charge spirituelle est forte, si forte que des pierres du marae Taputapuatea ont été transportées aux Îles Cook, à Hawaï et en Nouvelle-Zélande afin de créer de nouveaux sites sacrés. Les Polynésiens sont ainsi spirituellement liés; un processus qui permet une pacification inter-clan. 

En 1763, des guerriers de Bora-Bora s’en prennent à l’île de Raiatea et détruisent le lieu de culte. Cinq ans plus tard, James Cook et son équipage investissent l’île sur ordre du Roi Georges III d’Angleterre. La prophétie des pirogues sans balancier est avérée. Les divinités sont délogées, les croyances balayées. Il faut attendre la décolonisation et la réappropriation culturelle des Polynésiens pour redonner au marae ses lettres de noblesse. En 1994, une restauration des vestiges est amorcée. Depuis 2017, le site est inscrite au patrimoine mondial matériel et immatériel de l’Unesco, il bénéficie donc d’une protection, d’une reconnaissance et d’aides financières. 

Les Polynésiens renouent avec ce foyer spirituel catalyseur de leur identité culturelle. Ils peuvent s’y recueillir et sentir l’énergie de la ferveur d’antan. Le voyageur peut découvrir ce temple de 2500 hectares et sentir une fois de plus les liens particuliers qui unissent Polynésiens, océan et îles. La visite est libre et gratuite mais les services d’un guide permettront une meilleure appréhension du sujet. Vous comprendrez ainsi comment s’imbriquent vie politique, cérémonies et gestion funéraire. 

Les paysages de l’île ainsi que les possibilités de plongées enchanteresses ou de pratique idéale de la voile ne pourront que vous convaincre d’ajouter Raiatea à votre circuit.